Reuters: France-Manifestation contre la livraison de navires à la Russie
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| Photo Pierre Raimbault |
29/06/2014 | 19:12
Par Guillaume Frouin
SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique, 29 juin (Reuters) - Une cinquantaine de personnes ont manifesté dimanche à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) pour que la France renonce à vendre à la Russie les deux porte-hélicoptères construits par les chantiers navals STX et DCNS, sur fond de tensions en Ukraine.
Ce rassemblement - le troisième de ce type depuis un mois - survient alors que les 400 marins russes qui vont apprendre à manoeuvrer ces Bâtiments de projection et de commandement (BPC) de type Mistral doivent arriver lundi matin dans la ville, et y rester jusqu'à l'automne.
L'initiative, relayée un peu partout dans le monde sur les réseaux sociaux, émane de Bernard Grua, responsable d'une petite société nantaise spécialisée dans les inventaires.
"C'est difficile de mobiliser sur cette question, car les gens ne comprennent pas qu'il s'agit de navires d'invasion", regrette ce Nantais de 51 ans. "Ce qui me déplaît, ce n'est pas de les livrer à la Russie, mais de les livrer à la Russie de Poutine : cet homme est un danger pour la paix dans le monde. On doit l'empêcher de dupliquer ce qu'il a déjà fait en Géorgie et en Tchétchénie."
La commande russe a suscité l'inquiétude de pays comme la Géorgie ou les Etats-Unis, particulièrement à la lumière des violences en Ukraine et de l'annexion de la Crimée par la Russie. Mais les autorités françaises ont affirmé à plusieurs reprises que le contrat serait honoré.
Bernard Grua, qui s'était rendu à Kiev en tant que photographe amateur lors des heurts qui ont précédé le départ de l'ancien président Viktor Ianoukovitch, considère qu'une annulation du contrat de construction des Mistral ne serait pas catastrophique pour l'économie locale.
"Le gros du travail a déjà été fait, on ne va donc pas enlever le pain de la bouche des gens de Saint-Nazaire", estime ce quinquagénaire. "C'est même le meilleur moment pour le faire : STX n'a jamais eu un aussi bon carnet de commandes depuis dix ans."
Selon lui, des pays comme le Canada, l'Inde ou le Brésil pourraient ainsi être intéressés pour racheter les BPC. Les deux navires de combat pourraient aussi constituer "le début d'une flotte européenne, qui agirait pour des missions humanitaires", suggère cet officier de réserve dans la marine.
"MISTRAL SANGLANTS"
Autour de lui, une poignée d'Ukrainiens, de Français ou de Polonais ont ainsi fait flotter le drapeau ukrainien et chanté l'hymne du pays au pied du BPC Vladivostok, le premier des deux navires qui sera livré à la Russie.
Devant les photographes, certains se sont même allongés sur le sol, pour symboliser les morts que pourraient causer ces deux navires de guerre dans les pays voisins de la Russie.
"J'ai vécu en Russie, je sais ce dont est capable Vladimir Poutine", clame ainsi au mégaphone Mariya Titov, une Russe de 26 ans. "Vous croyez qu'il ne viendra pas avec ses navires sur la Côte d'Azur ? Moi non plus je ne croyais pas qu'il attaquerait notre pays frère, l'Ukraine, ou la Géorgie."
A ses côtés, tenant des panneaux "Merci la France pour les Mistral sanglants", d'autres scandent des slogans hostiles au président russe.
A la fois navire-amphibie, poste de commandement et hôpital embarqué, le Vladivostok - construit pour moitié à Saint-Nazaire et à Saint-Pétersbourg - pourra transporter l'an prochain jusqu'à seize hélicoptères et déployer à terre 450 soldats et des "forces mécanisées", selon les documents officiels de STX.
Un deuxième Bâtiment de projection et de commandement (BPC), baptisé Sebastopol du nom de la ville de Crimée où la Marine russe stationne sa flotte, doit être livré fin 2015 à la Russie. La commande comprenait également une option pour deux autres navires du même type, mais celle-ci n'a pas été levée à ce jour par les Russes. (Edité par Marine Pennetier)
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