Mistral, 15 Mai 2015: Les Médias Français À La Remorque Du Kremlin


Nous vous proposons un "test de vérité" pour vérifier la pertinence de ce que vous avez lu, vu et entendu, le 15 mai 2015, sur le contrat Mistral. A notre connaissance, aucun media français n'en réchappe.

Il y a eu beaucoup d'effets d'annonce, le 15 mai 2015, concernant l'annulation du contrat Mistral. La presse écrite et la presse audiovisuelle française se sont enflammées. Mais le blackout gouvernemental continue - Déclarations officielles de politique étrangère du 15 mai 2015, §9 :

Question - Les médias russes, citant des sources bien informées, multiplient les annonces sur le Mistral. Dernier en date, le quotidien Kommersant affirme vendredi que la France a proposé officiellement à Moscou la résiliation du contrat et le remboursement des deux navires à condition de pouvoir les réexporter. Les autorités françaises peuvent-elles préciser leur position ? La date butoir pour le règlement de ce dossier est-elle bien le 16 mai comme évoqué dans plusieurs médias ?
Réponse - Comme vous le savez, les autorités françaises se sont exprimées à plusieurs reprises sur ce sujet. Nous n'avons pas d'éléments supplémentaires à apporter.  
Du côté de STX et DCNS, silence assourdissant. Les professionnels de l'information, comme certains nous l'ont confié, sont désemparés. Alors chacun pioche aux mêmes sources, à savoir l'article de Kommersant et les propos de Rogozine. Rappelons que Rogozine, Vice Premier Ministre russe, est farouchement nationaliste. Il fait l'objet de sanctions européennes depuis le début de l'occupation de la Crimée par la Russie. Il est proche des droites extrêmes européennes qui se sont réunie, en mars 2015, à St petersbourg, à l'initiative du parti Rodina, qu'il a fondé. On y comptait, au moins, quatre partis ouvertement néo-nazis. Rogozine ne nous semble pas être une source indépendante, exhaustive et digne de foi.

On nous dit que le Valdivostok et le Sébastopol sont aménagés "aux normes russes" donc il ne peuvent pas être cédés à un autre acquéreur. De quelles normes s'agit-il? Il y a bien sûr des aménagements qui ont été faits, à St Nazaire, par rapport aux plans d'origine. Ces Mistral "russes", sans être des brises glace, peuvent naviguer dans les mers arctiques, à la différence des Mistral français. Leurs ponts ont été renforcés et le hangar agrandi pour pouvoir accueillir des hélicoptères plus grands et plus lourds. Mais, "Qui peut le plus, peut le moins". Est-ce un inconvénient? Nous le pensons pas.

"Technologie russe" nous dit-on. Rappelons juste que ces navires seraient livrés sans armement. Les Russes avaient prévu de les équiper de manière beaucoup plus offensive que les Français. En clair, tout nouvel acquéreur pourrait y installer l'armement qu'il souhaite.

Coût démesuré du "gardiennage". On nous reparle de millions alors que le seul chiffre crédible, 400 K€, pourtant encore très élevé, est issu du journal "Le Marin". Néanmoins, il existe des emplacement bien meilleur marché, pour patienter jusqu'aux nouveaux acquéreurs, en Rade de Brest, à savoir les épis porte-avions de l'arsenal et le mouillage de Landévénnec.

Pourquoi les médias français n'en parlent pas? Probablement par manque d'expertise ou par aveuglement. Tétanisés, ils se reportent au seul discours audible, à savoir les propos de la propagande du Kremlin. Quand nos médias veulent diversifier leurs sources, ils interrogent les partisans de la livraison qui se "documentent", eux aussi, dans les publications du Kremlin (Sputnik, RT etc...) complaisamment reprises par des supplétifs hexagonaux. On tourne, donc, en rond.

Test de vérité

Selon nous, les deux points cruciaux du contrat Mistral sont les poupes de ces navires et le système Senit 9Les parties arrières du Sébastopol et du Vladivostok ont été construites à St Petersbourg. Elles appartiennent à la Russie. L'élément déterminent de la signature du contrat Mistral était la fourniture du système de gestion de combat "Senit 9". C'est la raison pour laquelle les négociations initiées en 2008 ne se sont terminées qu'en 2011. Quel média français, le 15 mai 2015, a-t-il chiffré ces éléments ou s'est même contenté de les évoquer? Aucun. Pourquoi? Tout simplement parce que la presse russe n'en parle pas. Oubli volontaire ou involontaire? Peu importe. Ne pas les mentionner discrédite tout ce qu'on peut lire ou entendre. Faites l'essai. Lisez, regardez, écoutez tout ce qui a été dit hier sur les Mistral. Il n'y a pas un media français qui franchit ce "test de vérité". La journée du 15 mai fut une médiocre pièce théâtre, rien de plus. Il n'y a pas grand chose à en garder. Tout ce désordre résulte d'un Gouvernement et d'une Présidence qui ne jugent pas bon d'éclairer la population française sur ses choix et sur les raisons de ses choix. Pourtant c'est notre nation toute entière qui est engagée par ces choix. Voilà un état de fait inacceptable dans une démocratie.

Mise à jour 1: Dans une interview parue dans le journal Ouest-France du 16-17 mai, donc le lendemain du jour de l'effervescence Mistral mentionné dans cet article, Bernard Prézelin, auteur de "Flottes de Combat" mentionne les poupes du Vladivostok et du Sébastopol construites à St Petersbourg. Il indique une vente possible dès lors que la Russie sera indemnisée. Il cite des repreneurs potentiels, que nous avons, pour certains, évoqués dans des articles précédents. Il confirme que des changements seulement mineurs seront nécessaires pour rendre ces Mistrals utilisables par d'autres pays.

Mise à jour 2:Rogozine:"Les chars russes n'ont pas besoin de visa pour l'Europe". Voir à ce sujet l'article du Point le 25/05/2015

Auteur: Bernard Grua , Suivez nous sur Facebook: No Mistrals for Putin
Photo, B Grua: Mistral Valdivostok dans le bassin de Penhoët, St Nazaire, 15 mai 2015

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